M4 ; stay quiet and keep going

Une fois le message envoyé sur le canal de l'Héritage à ses deux coéquipiers qui allaient faire la mission avec elle, qui s'étaient proposés pour aller dans les ruines des étages inférieurs, elle se redressa et s'étira de tout son long. Elle avait eu de nombreuses demandes des héritiers, concernant leurs biens perdus, et beaucoup d'entre eux ne pouvaient aller en-bas, alors Meiko était plus ou moins chargée de récupérer deux ou trois trucs en plus. Voilà pourquoi, elle avait non seulement un sac à dos, mais en plus un sac à bandoulière, qui lui permettrait de récupérer le maximum d'effets personnels qu'elle croiserait sur sa route. Et dire qu'il y a encore un mois de cela, elle était détestée pour sa personnalité hautaine bien que charismatique, et maintenant, elle se retrouvait à joindre les saisons entre elles et à maintenir un équilibre. Pour le moment, ça tenait, mais elle ne savait pas encore pour combien de temps.

Elle descendit de plusieurs étages, jusqu'à être dans l'étage de la bibliothèque et de la cantine, dans lequel elle se dirigea directement vers l'ascenseur ouest. Celui-là même qui s'était fracassé dans les souterrains, mais lorsqu'elle se penchait entre les portes désormais vides de la cage métallique, le fond n'était même pas visible, il n'y avait que le noir et la désolation. Tant mieux dans un sens, parce qu'elle ne se sentait pas vraiment à l'aise de voir encore des morceaux de l'Héritage en miettes, ou pire, des bouts de corps séparés de leur buste. Un frisson la parcourut de long en large, avant qu'elle ne dévie son regard sur l'échelle qui descendait jusqu'à l'étage du dessous. C'était là qu'ils devaient aller. Elle poussa un soupir qui se répercuta sur les parois silencieuses en face d'elle, avant qu'elle ne s'appuie contre le mur adjacent, attendant son équipe au complet pour prendre un billet qui mènerait vers l'enfer.

petite précision ; faire des réponses courtes (parce que je te connais Ryu ...), respecter un ordre de passage et improviser (parce que c'est cool)

La jeune femme poussa un soupir, fatiguée. Récemment, les choses devenaient complètement dingues. Peu importe le nombre de personnes qui descendaient dans les ruines, il n'y avait jamais de cas de radiations, de complications, d'évolutions, comme s'il n'y avait en fait aucune marque de nucléaire dans l'air au-dessus d'eux, ou comme si les héritiers étaient immunisés. Elle ne savait pas quelle option prendre, laquelle était plus justifiée que l'autre, mais c'était ce genre de réflexions qui lui prenait la tête jours et nuits, sans qu'elle ne parvienne à dormir correctement. Ce n'était pas sa première expédition, sa première aventure parmi les cadavres et les débris d'une construction qui se devait parfaite. Oui les anciens étaient censés avoir construit quelque chose qui tienne debout, quoi qu'il arrive, et maintenant qu'un malade avait tout foutu en l'air, l'évidence était là ; le bunker était un terrier. Si quelqu'un y mettait le feu, soit mourir, soit sortir. Pouvait-on seulement risquer une sortie si les conditions de vie n'étaient pas garanties ? Meiko ne savait pas. Et ces réflexions allaient persister. Elle se sentait prise au piège dans une bulle qui, normalement, était totalement sécurisée. Si elle se mettait à remettre en doutes les défenses du bunker, elle ne devait certainement pas être la seule.

Elle tenta de chasser ces idées noires lorsqu'elle vit les deux personnes qui l'accompagnaient pour la mission. Récupérer des biens, mais également des effets personnels. Dans une combinaison qui les protégeait. Mais les protégeait de quoi ? Elle se posait encore la question. Sans grandes cérémonies, ils se saluèrent. Elle ressentit le froid avec Jung Wan, mais n'avait pas la tête à se préoccuper de cela. Les dernières semaines avaient été chargées et relativement fatigantes, le fait qu'elle doive encore descendre ne lui faisait pas du bien. Mais c'était son job, elle le devait aux héritiers, à ceux disparus. Lorsque Jung Wan la snoba quasiment, elle se contenta de le regarder descendre dans le canal pour atteindre l'étage du dessous. Son regard n'affichait pas grand chose, rien qu'un voile de tristesse et d'épuisement. Elle qui était toujours forte, qui maintenait les apparences, là, elle n'en avait foutrement rien à faire. Elle reconnut Ryu et parce qu'elle ne voulait pas vraiment se retrouver seule avec son ancien ami, elle lui laissa le passage pour qu'elle aille le retrouver en premier. La journée et la mission risquaient d'être longues. Elle voulait prendre ses jambes à son cou, retrouver sa chambre et son lit, pleurer un peu et dormir aussi probablement. Mais elle devait souffler.

Ce n'était pas comme si on lui imposait de faire tout ça. Elle se l'obligeait, elle payait pour sa négligence, pour avoir fait souffrir pas mal de gens à l'époque, pour avoir snobé nombre de ses camarades, la populace des basses saisons. Mais c'était elle qui les avait unifier, qui avait enlevé ce système de saisons ridicule pour leur permettre de s'aider et de survivre. Tout était question de survie, depuis le début, chacun cherchant à se faire une place, à travailler pour espérer que les prochaines générations soient mieux logées, mieux habillées, mieux servies, mieux payées. Revoir Jung Wan lui faisait revivre toutes ses erreurs. Lui avoir tourné le dos ... Cela lui avait fait de la peine, et elle avait réussi à tout mettre dans un placard, fermé à clé. Seulement, il se tenait devant elle, et ne la calculait même pas. Cela la blessait, mais elle n'en voulait plus à personne d'autre qu'à elle-même. Elle qui avant rejetait tout sur les autres, elle se blâmait maintenant pour la vie qu'elle avait vécu. C'était tout naturellement qu'elle avait laissé Ryu passé devant, mais son commentaire l'avait laissée pantoise. Ryu Katsumoto, pas vraiment un exemple pour la société, et pourtant elle avait essayé de réparer les dégâts lors de la catastrophe. Bien qu'elle ait mis plusieurs vies en danger pour cela. Meiko ne l'avait pas vraiment appréciée, elle ressemblait à un garçon, avait de mauvaises manières et parlait trop familièrement à des personnes qu'elle ne connaissait pas. Comme maintenant. Et pourtant, l'estivale garda le silence, touchée malgré elle par ses propos. Ses émotions décuplées de ses derniers temps revinrent au galop, et des larmes voulurent s'échapper de ses yeux. Mais le temps que l'automnale descende et la prévienne de les rejoindre, elle avait eu le temps de se ressaisir.

Elle s'équipa de la combinaison, finit de s'installer aussi confortablement que possible dans cet attirail qui ne servait pas à grand chose, elle en était persuadée, et d'un geste amical sur l'épaule du garde présent au bord de l'ascenseur désormais vide, elle lui signala qu'elle était prête. Peu certaine d'elle, fatiguée, son corps mou, elle prit son temps, bien que déjà habituée à ce chemin vers les enfers, elle préféra jouer la carte de la prudence plutôt que de jouer à la forte estivale de pouvoir qu'elle était censée être. Ce fut donc doucement qu'elle parvint aux côtés des deux autres personnes. Ryu ne la regardait pas avec ce regard de défi, mais plutôt comme si elle lui faisait pitié, et Meiko n'avait pas besoin de ça. Cependant, en dirigeant ses yeux vers Jung Wan, elle avança aussitôt devant elle, parce que ces yeux dédaigneux et rempli de colère ne la mettaient pas à l'aise. Elle n'avait pas besoin de ça non plus. Avec prudence, et certaine d'être suivie par ses équipiers, elle constata, toujours avec le même effroi, que les lieux ne ressemblaient plus à rien. Quelques ampoules courageuses se balançaient encore ça et là, clignotant parfois le long des murs, donnant à l'endroit une teinte morbide. Rappelant toujours les événements du mois dernier.